L a maison est un peu grande aujourd’hui pour nous deux, nos enfants sont grands, autonomes et ne demandent plus guère d’attention.
Nous avons décidé de réduire notre rythme et nos engagements professionnels respectifs, cela pourrait apparaître comme un accomplissement, bien sûr, mais très vite tout est trop bien rangé, les projets manquent et les activités que nous affectionnons deviennent routinières… « Chérie, et si nous mobilisions notre temps et notre tendresse à une bonne action ? »
Patrick Joly, avec qui j’ai travaillé de nombreuses années, m’avait parlé de son association ; j’avais partagé une soirée il y a quelques années avec La Ribambelle et ressenti une atmosphère paisible et bienveillante.
Un coup de fil, une visite de l’association à la maison et nous voilà famille d’accueil. Quelques mois après, un toboggan coloré trône dans le jardin, un train en bois obstrue l’entrée de mon bureau et je me retrouve à chercher le rayon Kinder Surprise au supermarché.
Ariel a déboulé dans notre vie, deux ans et demi, une bouille à faire craquer Cruella, fragile, frêle mais plein de vie. Quelques jours timides, un peu effacés, très attentifs et polis, il va se livrer très vite, retrouver sa spontanéité et se comporter avec nous comme si nous avions toujours fait partie de sa vie. Les jeux s’installent, la complicité, de grandes parties de rire et de tendresse meublent chaque journée, notre foyer se colore à nouveau, redevient bruyant et désordonné, à nouveau quelqu’un a besoin de nous au quotidien.
Puis le jour fatidique arrive, le moment pour lequel toute cette chaîne de solidarité est organisée, le jour de l’opération… Aïe !! Et si une complication survenait ? Pour la première fois, nous sommes inquiets, j’ai peur, Ariel est au bloc.
Le soir, le coup de fil du chirurgien est rassurant, c’est gagné !!
Nous sommes heureux, nous savons qu’après quelques jours d’hospitalisation où nous nous relaierons auprès de notre protégé, puis un peu de convalescence à la maison, Ariel va retrouver sa famille, ses parents et son frère Maël.
Tous les dimanches, il a pu partager un grand moment avec eux, partager des jeux avec son frère à travers l’écran d’un ordinateur. Il savait qu’il traversait un moment de vie pour réparer son cœur, il avait parfaitement compris et accepté la situation. Ariel a donné le meilleur de lui-même. Exprimer ce que nous avons appris de ces quelques semaines serait bien trop long ici. C’est un cadeau unique.
Aujourd’hui Ariel est chez lui, une photo de nous trois est posée sur sa table de nuit, nous étions très émus quand sa mère nous a dit qu’il la blottit contre lui pour sa première nuit à la maison.
Nous garderons toujours son souvenir.
Ce fut pour nous, un soleil d’automne !